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Prix spécial du jury

ACAI 2011

Extrait de : "La peur au ventre" :



Sonnerie du téléphone.

Stridente, comme toujours lorsqu'elle explose au creux de la nuit…

Claire sursaute, écartelée entre son rêve inachevé et l'intrusion sonore. Xavier est déjà debout, le combiné rivé à l'oreille, l'air grave, visage et regard parfaitement éveillés, qualité de présence impressionnante. Claire a toujours été stupéfaite par cette faculté qu'il a d'être là, totalement, quand l'urgence surgit.

- Oui. Combien seraient-ils ?

- …

- Et à l'intérieur ?

-…

- D'accord, préviens immédiatement Bernard et Christophe. Mets en alerte les équipes 1 et 3. Non, plutôt 1 et 4, je préfère avoir Bertrand avec moi sur ce coup-là. Je serai là dans vingt minutes. Que tout le monde soit prêt. Merci Claude.

Xavier a commencé de s'habiller durant l'appel. Il termine, s'engouffre dans la cuisine, attrape un morceau de pain et deux pommes à la volée.

- Que se passe-t-il cette fois-ci ?

- Mon amour, tu sais bien que je ne peux rien te dévoiler. Je t'appelle dans la journée, si je le peux.

La porte s'est déjà refermée.



Oui, je sais que tu ne peux rien me dire. Et pourtant, chaque fois j'ai besoin de te poser la question. Cela me sécurise de te le demander, c'est tout.

Claire regarde le réveil : 3h40. Elle se dirige vers la salle de bain, mais se retrouve devant le réfrigérateur, l'ouvre, ne voit rien du contenu, finit par prendre un yaourt qu'elle mange avec une cuiller à soupe sans même s'en rendre compte.

Vraiment je ne m'y ferai jamais. Tu m'avais pourtant prévenue lorsque nous nous sommes rencontrés et que les choses ont commencé de devenir sérieuses entre nous. Je sais combien cela t'avait coûté, par peur de me perdre, de me confier que tu étais officier au groupe d'intervention du GIGN…

Claire marche dans le salon. Les yeux au sol : le tapis aux teintes chaleureuses, le coin de la table basse, l'appui du fauteuil, à nouveau le tapis, le carrelage, le bord du canapé…sur lequel tu m'as fait l'amour avec tant de fougue hier soir et où j'ai eu tant de plaisir à m'offrir à toi. Tu ne cessais de me chuchoter « moins fort, tu vas réveiller la petite ! » Mais mon amour, j'étais vraiment au moins fort que je pouvais !!!

Une vague d'émotions envahit Claire.


Qu'est-ce que je fais là devant la porte de Juliette ? Claire l'ouvre doucement. La lumière du salon parvient à s'infiltrer sans violence jusqu'au lit de la petite. Ses cheveux bouclés soulignent son visage, sa respiration régulière apaise la tension de Claire.


Quatre ans déjà ! C'était en août, au bord du lac de Côme. Te souviens-tu mon chéri le caprice que je t'ai fait pour aller à Bellagio ? Ce n'est quand même pas ma faute si je suis née à Saint Pair et si Bellagio est jumelée avec Granville!!! Et toi tu voulais aller à Varenna, juste en face, sur l'autre rive.

Comme tu avais raison. Quel bijou ce village ! En arrivant à l'Albergo del Sol tu m'as glissé à l'oreille :

- Puisque tu as déjà une petite idée des prénoms possibles je te propose une belle petite fête tous les deux ce soir, pour inviter Juliette ou… Ou qui déjà ?

- Qu'importe ! Ce sera Juliette !

Comme tu as ri de ma certitude. Comme j'ai pleuré de joie dans tes bras. Comme nous nous sommes aimés toute la nuit, la fenêtre grande ouverte sur le lac étincelant…


Dans un doux gémissement Juliette se retourne et offre à Claire un visage empreint d'insouciance.

Sur quelle sorte d'intervention as-tu encore été appelé mon amour ? Je sais que tu es surentraîné, que tes coéquipiers sont d'une fiabilité irréprochable, que votre expérience ne vous fait prendre aucun risque inutile. Je sais tout cela et pourtant la peur me vrille. J'ai tout essayé pour m'en défaire. Sans résultat. Seul ton sourire à ton retour, lorsque tu ouvres la porte, parvient à la dissoudre…

Claire se dirige vers la fenêtre. Derrière les rideaux, l'avenue Rockefeller est vide, Versailles endormie. La majesté du Château sous ses yeux n'accroche pas même son regard qui plane sur les toits comme à la recherche d'un indice sécurisant. Où es-tu ? Dans quelle direction ? Confronté à quelle situation ?


- Gaffe! Sur la gauche, deuxième étage, un sniper ! Dégagez Orion il est touché !

Si tu t'étais entendu hurler cette nuit-là dans ton sommeil, avant de t'éveiller en un violent sursaut de tout ton corps, complètement en nage ! J'ai reçu comme un projectile toute la tension qui t'habitait, clouée d'effroi, avant de t'enserrer de mes bras tremblants avec mes mots malhabiles pour t'apaiser. Comme toujours tu t'es ressaisi le premier. « Oublie tout ce que j'ai pu dire dans mon sommeil. Tout. »


Toujours cette nécessité de mystère absolu sur tes opérations…

Une soudaine nausée envahit Claire qui se précipite aux toilettes pour vomir. Cette douleur au fond de la gorge, ce goût acre et envahissant. La tête lui tourne.

- Maman ?

Juliette s'est réveillée. Claire se précipite dans la chambre.

- Oui ma chérie ?

- Qu'est-ce qui se passe, maman, et pourquoi tu sens mauvais comme ça ?

- …

- Mais tu pleures ?

- Je dois être un peu malade. Sans doute le pâté que nous avons mangé hier soir qui ne passe pas. Ne t'inquiète pas ma petite puce. Je vais te chercher un verre d'eau avec un peu de jus d'orange et tu vas pouvoir te rendormir.


Juliette s'est rendormie. Le silence est revenu se noyer dans l'obscurité de la nuit.

La nausée ne lâche pas prise et Claire décide de prendre une douche chaude, très chaude. Elle tient le pommeau de la douchette au dessus de sa nuque et goûte le ruissellement de l'eau sur son dos. Curieux ce sentiment qu'elle éprouve : comme si cet écoulement drainait quelque peu ses tensions et ses peurs…


Attends maman, tu ne bouges pas, je vais te faire une surprise. Mais il faut que tu fermes les yeux !

C'était cet été, en Crète, sur l'une de ces immenses plages désertes du sud de l'île, sous un soleil éclaboussant de lumière et de chaleur.

- Tu es prête ?

- Oui. Je peux ouvrir les yeux ?

- Non !

Ce grand seau d'eau tiède et salée qu'elle reçut alors sur la tête !

- …!!!

- Alors, c'était bon ?!

Je t'ai fait de la peine quand je t'ai dit que j'étais fâchée. J'ai eu beau te câliner ensuite, tu n'as retrouvé ton sourire que le soir, lorsque papa t'a offert une énorme glace à la pistache !


Oui ma chérie, sans doute tu voulais m'aider à vider ma tête pour mieux profiter ensemble de ces quelques jours de vacances !...

L'eau ruisselante de la douche poursuit son travail de purification…


6h35. L'odeur du café s'étale doucement dans la cuisine. Rien au flash d'infos de 6h30. Devoir attendre maintenant 7h00.

Pas de nouvelles de Xavier.


            […]

  

ACAI   Association Comtoise d'Auteurs, Indépendante

Femmes, je t'aime...

     Touché par la situation particulièrement dramatique de la femme dans notre monde d'aujourd'hui, l'auteur a éprouvé le besoin de lui consacrer ce recueil de nouvelles.

Ouvrage en hommage à la vérité profonde de la femme, à son courage, à sa puissance d'éveil, à sa capacité de transformation d'elle-même et de son entourage, à son pouvoir d'évocation et d'inspiration…

Tranches de vies multiples, ce recueil peut être perçu comme une célébration de la vie et un hymne rendu à la femme sans qui rien ne serait, absolument rien…

Chaque nouvelle, dont elle occupe directement ou non le centre, tente d'en illustrer une de ses innombrables facettes…


«Femmes ! C'est parce que je perçois en chacune d'entre vous les reflets de l'amour, que je me suis permis ce titre insolite : "Femmes, je t'aime..." »


Recueil de 14 Nouvelles. 112 pages.     Prix : 15 €, port... et dédicace compris !


  

Ouvrages de Gilles Guéritault